Vendre ses créateurs japonais en seconde main : mode d’emploi sans complaisance
Yohji Yamamoto, Issey Miyake, Comme des Garçons… Les créateurs japonais fascinent, mais déconcertent souvent au moment de la revente. À Paris, très peu de dépôts‑vente savent vraiment les lire. À La Marelle, c’est presque une langue maternelle.
Pourquoi vos pièces japonaises sont mal comprises en ligne
Essayez un jour de vendre une jupe plissée Pleats Please sur une plateforme généraliste. Vous verrez : questions absurdes sur la « taille exacte », demandes de photos de plis à 2 cm près, soupçons de contrefaçon… et des négociations indécentes.
La raison est simple : une grande partie des acheteuses ne sait pas décoder ces vêtements. Elles jugent avec les critères du prêt‑à‑porter classique, là où ces créateurs jouent sur le volume, la déconstruction, la modularité.
Des pièces qui refusent d’entrer dans les cases
Les créateurs japonais fonctionnent à rebours du réflexe occidental :
- les tailles sont souvent floues, voire uniques ;
- les volumes se lisent en mouvement, pas sur cintre ;
- les matières (plissés techniques, lainages architecturés) vieillissent très différemment d’un polyester basique.
Résultat : beaucoup de vendeuses tentent l’aventure en ligne, se heurtent au mur de l’incompréhension, puis débarquent en dépôt‑vente, agacées, parfois déçues par les prix qu’on leur propose.
Ce qu’un dépôt‑vente spécialisé voit que les autres ratent
À La Marelle, les pièces de Yohji Yamamoto, Issey Miyake, Y’s, Limi Feu ou Comme des Garçons ne sont pas un exotisme : elles font partie de l’ADN de la boutique, comme le rappelle le site dès la page d’accueil.
Comprendre la coupe, pas seulement l’étiquette
Quand une veste Yamamoto arrive en boutique, on ne se contente pas de la marque. On regarde :
- la construction (épaule tombante, asymétrie, lignes brisées) ;
- la matière (laine sèche, coton rigide, plissé permanent) ;
- l’effet sur le corps : pièce protectrice, spectaculaire ou poétique.
Ce regard change tout. Une pièce que d’autres considèrent comme « bizarre » est lue comme un manifeste esthétique. Du coup, elle peut être proposée à la bonne cliente, avec les bons mots, au bon prix.
Le public qui vient chercher précisément ces créateurs
La clientèle de la Galerie Vivienne qui passe chez La Marelle n’a pas peur de la radicalité japonaise. Certaines viennent pour ça. Elles connaissent déjà l’ombre lumineuse de Yohji Yamamoto, les plissés d’Issey Miyake, la bizarrerie assumée de Comme des Garçons.
Ce contexte rend la vente infiniment plus fluide : vous n’êtes plus en train d’expliquer laborieusement pourquoi votre robe noire difforme coûte plus cher qu’une petite robe serrée standard. La pièce parle à quelqu’un qui sait l’entendre.
Préparer correctement vos pièces japonaises pour le dépôt
Pour maximiser leurs chances de vente, quelques précautions sont essentielles, plus encore que pour d’autres marques.
Respect absolu des matières
Un plissé Issey Miyake massacré au fer à repasser, c’est un crime textile. Avant toute chose :
- lisez ou retrouvez les consignes d’entretien ;
- évitez le pressing approximatif pour les plissés techniques ;
- stockez les pièces correctement (idéalement suspendues ou roulées, jamais écrasées).
Une pièce bien entretenue garde sa structure, sa mémoire. Une pièce maltraitée bascule rapidement dans le « raté coûteux » impossible à vendre dignement.
État, cohérence, époque
Contrairement à ce qu’on croit, tout n’est pas revendable chez ces créateurs :
- les pièces trop abîmées (bouloches, déformations, plis affaissés) sont irrécupérables ;
- certaines lignes mineures vieillissent mal, même chez les grands noms ;
- les pièces très datées visuellement (couleurs compliquées, coupes excessives sans grâce) trouveront difficilement preneuse.
La grille d’acceptation reste la même que pour Chanel ou Dior : récente, intéressante, en parfait état. Sinon, mieux vaut garder la pièce ou l’assumer comme relique personnelle.
Combien espérer, honnêtement, sur ces créateurs
Les illusions sont tenaces : beaucoup pensent que la rareté justifie tout. C’est faux. Une pièce peut être rarissime et invendable, si personne n’en veut.
Ce qui se revend bien
En pratique, se revendent particulièrement bien :
- les vestes et manteaux architecturés, noirs, anthracites, bleu nuit ;
- les robes fortes mais lisibles (une construction, un geste, pas un déguisement) ;
- les pièces plissées iconiques, bien entretenues, dans des couleurs désirables.
Dans ces cas, le prix de seconde main peut rester étonnamment solide, surtout à Paris où une clientèle fidèle guette ces arrivages, comme l’indique la page Derniers arrivages.
Ce qui se revend difficilement
Beaucoup plus compliqué :
- les pièces extrêmes, davantage faites pour un défilé que pour la vraie vie ;
- les couleurs criardes mal associées à la coupe ;
- les formes « gadgets » qui amusent mais qu’on ne porte jamais.
Là, un dépôt‑vente sérieux vous le dira franchement : soit le prix descend nettement, soit la pièce reste chez vous. Mieux vaut une vérité sèche qu’un optimisme mensonger.
Pourquoi Paris reste la bonne scène pour cette esthétique
On peut acheter du Yamamoto partout, mais la revente, elle, a besoin d’un public initié. Et Paris, malgré tous ses défauts, reste l’un des rares endroits au monde où l’on peut croiser dans la même journée une cliente Dior, une amatrice de Dries Van Noten et une inconditionnelle de Pleats Please.
La Galerie Vivienne, terrain naturel des silhouettes japonaises
Ce n’est pas un hasard si La Marelle a fait de ces créateurs japonais l’une de ses signatures. Entre les arcades du XIXe siècle et les silhouettes sombres, fluides, presque calligraphiées, le dialogue est évident.
Une robe noire asymétrique de Yohji dans ce décor n’a rien d’excentrique : elle semble née là. Et cette évidence visuelle facilite la vente, parce que la cliente la voit immédiatement « en situation » dans sa vie parisienne.
Assumer la radicalité, même au moment de la revente
Au fond, revendre des créateurs japonais, c’est accepter ce qu’ils sont : radicaux, intransigeants, allergiques au tiède. Ces vêtements demandent un œil, une silhouette, une ville. Ils ne seront jamais des compromis tièdes que l’on écoule en soldes.
Si vous avez ce type de pièces dans votre dressing, vous avez déjà fait un choix stylistique fort. Pour la revente, continuez : évitez les plateformes qui les réduisent à des « robes noires bizarres » et confiez‑les à un lieu qui connaît leur langue. Pour préparer ce dépôt, commencez par relire Comment déposer ? et les 12 règles d’or. Ensuite, il suffira presque de laisser parler les plis et les ombres.