/reboot/media/919dc54a-414f-11e8-9613-fa163e14ea56/b54e38c4-a850-11f0-a9b3-52d1637eb1ed/1-1-white-and-black-i-love-you-card-wzltl8lrgv0.jpg)
Chanel, le renouveau poétique de Matthieu Blazy
Lundi soir, Paris respirait à nouveau l'air d'une révolution silencieuse. Sous la verrière du Grand Palais, les astres semblaient s'être alignés pour accueillir les débuts tant attendus de Matthieu Blazy à la tête de Chanel. À 41 ans, le créateur franco‑belge, quatrième seulement à diriger la maison en plus d'un siècle, a présenté une collection printemps‑été 2026 d'une intensité rare. Là où d'autres auraient imité, il a osé réinventer.
La grâce d'un équilibre retrouvé
Les silhouettes glissaient dans un univers cosmique : une constellation de planètes aux reflets vifs illuminait les tonalités emblématiques de la maison - beige, noir, blanc, gris perle. Entre rigueur et légèreté, les robes du soir s'envolaient dans un souffle d'extravagance, les chemises blanches se posaient avec précision, les jupes fendues dessinaient des lignes pleines de mouvement. Le tweed, ce fil d'ADN de Chanel, s'épaissit et s'anime de couleurs inattendues. Masculinité et féminité s'y étreignent sans se contrarier, dans un dialogue subtil et sensuel.
Ce langage du vêtement, Blazy le parle avec le respect de l'artisan et la curiosité du chercheur. « Un homme de produit », confie Bruno Pavlovsky, président des activités mode de la maison. Chez lui, la matière raconte avant la coupe. Le fil devient phrase, la doublure, respiration.
Héritage et renaissance
La mission du créateur est immense : refermer doucement l'ère Lagerfeld sans effacer sa lumière, et redonner souffle à une maison confrontée à un ralentissement économique. Mais c'est moins d'un sursaut qu'il s'agit que d'un élan nouveau. En revisitant l'idée de « la femme libre » chère à Gabrielle Chanel, Blazy ne regarde pas le passé - il l'habite. Sa collection évoque moins une rupture qu'une mue.
Arthur Lemoine, directeur général des Galeries Lafayette, parle d'un retour « à la dualité originelle de Chanel ». Cette tension féconde entre force et délicatesse, discipline et fantaisie, que la fondatrice avait érigée en signature dès les années 1920.
Un point de bascule pour la maison
Après une année 2024 marquée par un recul des ventes, Chanel devait retrouver sa vibration. Le défilé de Blazy, salué comme un « point de bascule », semble l'amorcer. L'approche du créateur, discrète et profondément ancrée dans le faire, s'oppose à la culture du « designer star ». Chez Chanel, plus que jamais, l'écoute et la rigueur priment sur la posture.
Le créateur travaille déjà sur plusieurs collections, dont celle des Métiers d'art, présentée à New York en décembre. Un choix symbolique : cette ville qu'il connaît bien incarne l'énergie, la modernité et la métamorphose - des valeurs qu'il insuffle à la maison de la rue Cambon.
L'artisanat comme horizon
L'hommage aux métiers d'art, cher à Chanel, sera le fil rouge de ce renouveau. Brodeurs, plumassiers, chapeliers, paruriers : toute une constellation de savoir‑faire que la maison protège depuis des décennies. Blazy y voit l'essence même du luxe, celle qui se tisse dans le temps, loin des effets de mode.
Dans un monde où la tentation du spectaculaire efface souvent le geste, Matthieu Blazy choisit l'authenticité. Chez Chanel, il ne s'agit plus de séduire à tout prix, mais de renouer avec la vérité du vêtement : une coupe juste, une matière noble, un souffle d'élégance.
Conseil La Marelle
Pour celles qui aiment Chanel autant pour sa rigueur que pour sa poésie, inspirez‑vous de cette nouvelle allure : une veste ample en tweed coloré sur une jupe fluide, des accessoires sobres, un port assuré. L'élégance, disait Mademoiselle, n'est pas dans le vêtement, mais dans la manière de le porter. Matthieu Blazy, lui, vient d'en rappeler la magie.