Le grand retour de la broche animale

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Elle s'était assoupie, discrète, au fond des écrins. Mais voici que la broche animale reprend son envol. Jadis reine des vitrines de la place Vendôme, elle renaît aujourd'hui sous les doigts inspirés des créateurs. Tiffany la pare d'oiseaux étincelants, Cartier réveille sa panthère d'onyx, Buccellati cisèle des papillons d'argent au souffle baroque. Un bestiaire fastueux, réminiscence des années 1950, quand Van Cleef & Arpels faisait danser écureuils de corail et biches aux yeux d'émeraude sur les revers des vestes.

Pourtant, cette fascination pour le règne animal ne date pas d'hier. Dans la Rome antique déjà, l'homme portait son animal totem en broche protectrice : dragons de bronze, chevaux de métal poli, lièvres stylisés. Ces miniatures portaient chance, ornaient la toge et signaient le rang. L'ornement était langage.

Aujourd'hui, les maisons de mode reprennent ce dialogue ancestral. Elles le traduisent dans un vocabulaire plus accessible, parfois ludique, souvent poétique. Max Mara s'attendrit devant un ours en clin d'œil à ses manteaux pelucheux ; Bottega Veneta fait bondir une grenouille sculpturale ; Valentino charme avec un chat blanc aux yeux saphir, brodé de perles fines, devenu fétiche contemporain. Même Lacoste, fidèle à son crocodile, lui offre une mue dorée et festive, cliquetante sur les vestes du soir.

Chez Dior, l'animal devient emblème. L'abeille, introduite par Hedi Slimane en 2002, inspire toute une lignée de créations : broche en laiton, palladium et cristaux, fixée sur une veste noire de laine vierge. Symbole napoléonien de puissance et d'immortalité, elle est désormais l'insigne d'une élégance qui bourdonne entre tradition et modernité.

Dans ce retour triomphal de la broche, il y a plus qu'un effet de style : un désir de talisman, de poésie intime. Épingler une créature, c'est affirmer un lien avec la nature et le rêve, un brin de légende sur l'étoffe. Conseils de La Marelle : portez‑la sans calcul, sur un revers de manteau masculin, une chemise fluide ou un béret de feutre. L'animal, lui, saura où se poser.

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